citoyenneté, sécularisation, laïcité

 

Alexandre Dupeyrix (Sorbonne Université) : « La notion de société post-séculière chez Jürgen Habermas »

Depuis le début des années 2000, Jürgen Habermas a publié de nombreux articles et ouvrages consacrés à la question religieuse, une question qu’il avait jusque-là mise de côté tant il semblait tenir pour acquis que modernité politique et sécularisation se conditionnaient mutuellement. En introduisant la notion de « société postséculière » (postsekulare Gesellschaft), il prend acte de la persistance et de la recomposition des croyances et des pratiques religieuses, suggère que le processus de sécularisation est inachevé et de toute façon inachevable, et s’interroge sur le potentiel de sens que recèle encore et toujours la religion et dont la vie démocratique pourrait tirer profit. La somme impressionnante qu’il a livrée avec Auch eine Geschichte der Philosophie (2019), qui retrace l’émergence de la pensée postmétaphysique depuis sa double origine philosophique et religieuse, est l’aboutissement, dans une perspective d’histoire culturelle et d’histoire des idées, de ce travail de réappréciation de la richesse culturelle et sémantique des religions que Habermas avait commencé dans ses articles post-11 septembre où il s’interrogeait, au cœur d’une actualité brûlante, sur la place de la religion en démocratie.

Notre intervention évoquera la réévaluation du paradigme traditionnel de la sécularisation par Habermas, la distinction entre valeurs, vérités religieuses et vérités postmétaphysiques, qui conditionne la manière dont un croyant s’insère dans l’ordre normatif démocratique, l’invitation par Habermas à une meilleure coopération entre citoyens croyants et citoyens non croyants et avancera pour finir quelques hypothèses sur la spécificité allemande de la conception habermassienne des rapports du religieux et du politique.

 

Genèse de la citoyenneté européenne: Céline Spector/ Philippe Crignon

Céline Spector (Sorbonne Université) « Une citoyenneté post-nationale est-elle possible et souhaitable ? »

Céline Spector est professeure de philosophie à Sorbonne Université, membre de l’équipe « Sciences, Normes, Démocratie ». Elle a été professeure invitée à l’université de Chigaco, à l’institut des sciences humaines de Kyoto, à la MSH de Bruxelles entre autres. Ses thèmes de recherche sont la philosophie politique et la philosophie du droit, la question de l’héritage de la philosophie des Lumières et la philosophie de la démocratie dans le cadre de l’Europe. Elle a publié de nombreux ouvrages, dont : Éloges de l’injustice. La philosophie face à la déraison, Paris, Seuil, « L’ordre philosophique », 2016 ; Rousseau et la critique de l’économie politique, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 2017 et No demos? Souveraineté́ et démocratie à l’épreuve de l’Europe, Paris, Seuil, «L’ordre philosophique », 2021. A noter également l’ouvrage collectif suivant : Europe philosophique, Europe politique, L’héritage des Lumières, T. Coignard et C. Spector éds., Classiques Garnier, «Rencontres – le Dix-huitième siècle», 2022.

 

Philippe Crignon  (Nantes Université):  « Qu’est-ce que la citoyenneté européenne peut conserver du modèle de la citoyenneté stato-nationale ? »

Philippe Crignon est maître de conférences en philosophie politique et juridique à Nantes Université et membre du CAPHI (UR 7463). Ses travaux portent principalement sur la philosophie politique moderne et contemporaine, sur les formes politiques (État, fédéralisme, Europe), la justice et la solidarité internationale et sur la démocratie, la représentation et la citoyenneté. Il a publié De l’incarnation à la représentation. L’ontologie politique de Thomas Hobbes (Garnier, 2012), La philosophie de Hobbes (Vrin, 2017) ; il a dirigé L’Europe au risque de ses paradoxes(Incidence, 2014) et, avec Christophe Miqueu, Représentation politique et transformations de la citoyenneté (Garnier, 2017).

Pour en savoir plus, rendez-vous sous l’onglet “Vidéos”

Prochaine séance: Inclusion/Exclusion, 10 février 2023

La prochaine séance du séminaire EduCivium consacrée au thème : “Inclusion/ Exclusion” aura lieu le vendredi 10 février 2023 de 10h à 12h30 en ligne. Pour recevoir automatiquement le lien de connexion:

https://u-bordeaux-montaigne-fr.zoom.us/j/81398175587?pwd=YkRTV2xjWWliOENkMkt1OFVmbzB3Zz09

Nous aurons le plaisir d’entendre:

Camille Aynès (ENS Ulm): “Des peines d’exclusion des condamnés aux sanctions de (ré)éducation à la citoyenneté. Réflexions sur la citoyenneté et la civilité à la lumière du droit pénal”

Résumé: Notre intervention se propose de mettre en évidence une double évolution de la notion juridique de citoyenneté en s’intéressant à une branche du droit sinon ignorée, du moins méconnue en ce domaine, le droit pénal. On observe en premier lieu que l’exclusion pluri-séculaire et systématique des condamnés a laissé place, récemment, à leur réintégration presque totale au corps politique. Leur inclusion a été rendue possible par un changement de la conception que le droit se fait de la citoyenneté entendue comme collection de droits politiques et de son rapport avec la notion de dignité. Cette inclusion ne signifie pas pour autant que le droit pénal serait devenu indifférent à la citoyenneté : en 2004, le législateur a introduit dans le code pénal le stage de citoyenneté, mesure inspirée d’une sanction éducative alors applicable aux mineurs. L’idée n’est plus tant d’exclure que de « ré-éduquer » à la citoyenneté en rappelant les éléments importants pour la vie en société. La citoyenneté ici n’est plus comprise comme collection de droits politiques, mais comme « civilité ». La citoyenneté, dont le lieu de réalisation, en droit, était jusqu’ici la sphère politique, s’invite dans l’espace public. Comment ces différents sens s’articulent-ils ? Comment le droit façonne-t-il la citoyenneté ?

Camille Aynès est enseignante-chercheuse en droit public à l’École Normale Supérieure (Ulm), membre associée du Centre de Théorie et Analyse du Droit (Université Paris Nanterre) et de l’Institut Michel Villey pour la culture juridique et la philosophie du droit (Université Panthéon-Assas). Ses recherches portent sur le droit constitutionnel, l’histoire de la pensée et des institutions juridiques et la théorie pénale. Elle s’intéresse en particulier à la notion de citoyenneté qu’elle a analysée, dans ses travaux, à partir de ses exclus. Elle est l’auteur, entre autres, de La privation des droits civiques et politiques. L’apport du droit pénal à une théorie de la citoyenneté (Paris, Dalloz, 2022, 514 p.) et de l’article « Le vote du “fou” : citoyenneté et capacité à la lumière de la réforme du 23 mars 2019 » (Jus Politicum. Revue de droit politique, n° 26, 2021, p. 225-255). Sur le sujet, elle a également organisé en mars 2022 un colloque à l’Université Paris Nanterre intitulé « Entre inclusion et exclusion. La double face de la citoyenneté » dont les Actes ont paru dans la Revue des droits de l’homme (n°22, sept. 2022).

et

Elsa Fondimare (Nanterre) :  “Le principe juridique d’égalité entre inclusion et exclusion : l’exemple de l’exclusion des femmes des droits relatifs à la citoyenneté”

Résumé: Il semble aller de soi que le principe d’égalité, dont l’affirmation juridique en 1789 marque avec force l’abolition d’une forme société inégalitaire, a joué un rôle important dans l’inclusion des groupes sociaux historiquement exclus de la citoyenneté, en premier lieu des femmes. Si ce présupposé repose sur des fondements tangibles, il masque toutefois une autre dimension du principe juridique d’égalité : non seulement la proclamation de celui-ci n’empêche pas l’exclusion de certains groupes sociaux de la jouissance des droits attribués aux citoyens, mais, de surcroît, son fonctionnement même repose sur une dynamique d’inclusion mais aussi d’exclusion. L’exemple de l’exclusion des femmes permettra ici de mettre en lumière la manière dont certains principes juridiques se trouvant au cœur même du projet politique républicain – parmi eux le principe d’égalité – conduisent à former une communauté de citoyens autant inclusive qu’exclusive.

Elsa Fondimare est maîtresse de conférences en droit public à l’Université Paris Nanterre depuis 2019. Elle est l’auteure d’une thèse intitulée L’impossible indifférenciation. Le principe d’égalité dans ses rapports à la différence des sexesdirigée par la Professeure Stéphanie Hennette-Vauchez et soutenue à l’Université Paris Nanterre en 2018. Ses domaines de recherche de prédilection sont le droit de l’égalité et de la non-discrimination, en particulier en relation avec la problématique des inégalités de genre (parmi ses dernières publications : « Le contrôle juridique des représentations du genre à l’écran », Rapport de Post-doctorat, Revue des droits de l’Homme, n° 19, 2021 ; « Le woke est-il antirépublicain ? L’ambivalence du droit quant à l’évolution des mouvements antiracistes », in T. Hochmann, M. Soula, Cinquante ans de lutte contre le racisme, PUPN, 2023).

séance du 25 novembre 2022: “citoyenneté européenne, frontières et circulations”

Le  vendredi 25 novembre 2022 de 9h à 11h30, le séminaire EduCivium a reçu Virginie Guiraudon (CNRS/sciences po Paris) et Michel Catala (Nantes Université) pour une séance intitulée “citoyenneté européenne, frontières et circulations“.

Michel Catala (Nantes Université) reviendra sur les conditions de la création en 1992 d’une citoyenneté européenne, citoyenneté de superposition, citoyenneté seconde, sans devoirs, une citoyenneté par des droits qui s’exercent principalement par la liberté de circulation et d’installation. La mise en œuvre de ces droits dépend des Etats membres, souverains sur ces questions, dans le cadre d’une liberté de circulation sans contrôle aux frontières avec l’instauration au même moment de l’espace Schengen. La citoyenneté européenne a-t-elle vraiment favorisé la liberté d’installation et donc la réalisation politique et économique du projet européen ?  Les limites de la citoyenneté européenne peuvent également s’étudier au travers du droit de protection des citoyens européens hors de l’Union européenne par les représentations consulaires des Etats membres. Ce droit se met en place progressivement, de manière partielle et inégale, dans le cadre d’une coordination minimale des Etats à l’échelle européenne, sans véritable harmonisation, en réalité de 27 manières différentes.

Michel Catala est professeur d’histoire contemporaine de l’Europe à Nantes Université et directeur de l’Institut d’études européennes et globales Alliance Europa. Il est l’auteur, entre autres,  du chapitre consacré à la citoyenneté européenne dans le Routledge Handbook of European Integrations (T. Hoerber, G. Weber, I. Cabras, 2021)

Virginie Guiraudon (CNRS/Sciences Po) s’interrogera également sur 1992 qui entérine une certaine idée de la citoyenneté européenne, fondée sur la nationalité de l’individu, mais toujours portée par une vision de l’homo economicus du grand marché européen de la mobilité. Elle s’interrogera sur la pertinence du concept de citoyenneté européenne à l’aune de deux « crises » dont la construction européenne est pavée : la « crise migratoire » de 2015 et le Brexit. La crise migratoire a mis en exergue deux récits de l’Europe qui évacuent la question de la citoyenneté tout en se réclamant tous deux des « valeurs » européennes : un récit « humanitaire » de mouvements comme Refugees welcome qui implique une solidarité transnationale entre « humains » et non entre citoyens et un récit « populiste » qui appelle donc au « peuple » et non aux citoyens pour protéger l’Europe chrétienne. Le Brexit remet en lumière l’ambigüité de la citoyenneté européenne comme simple accès à un grand marché du travail et sentiment d’appartenance à une polis post-nationale en devenir.

Virginie Guiraudon est directrice de recherches au CNRS au Centre d’études européennes et de politique comparée de Sciences Po. Elle est l’autrice, entre autres, de Les politiques d’immigration en Europe(2000). Elle a codirigé  The Sociology of European Union (Palgrave, 2010) et Europe’s prolonged Crisis. The Making or Unmaking of a Political Union (Palgrave, 2015).

Vidéos

Théories et pratiques de l’éducation à la citoyenneté 

Séance du 29 avril 2022 avec Céline Chauvigné. Pour visionner la vidéo, merci de cliquer sur le lien suivant

https://www.youtube.com/watch?v=jqZpYLQVfZw

Céline Chauvigné (Nantes Université) : « Les questions socialement vives. Vers un renouveau dans une formation du citoyen en milieu scolaire ? »

Céline Chauvigné est maître de conférences en Sciences de l’Éducation- HDR à l’INSPE de Nantes où elle est responsable de la mention Encadrement Éducatif. Elle est membre du Centre de Recherches en Éducation de Nantes (CREN) dont elle dirige l’axe consacré aux questions socialement vives et à la transmission des valeurs. Elle est également co-directrice de l’association des enseignants-chercheurs en sciences de l’éducation. Ses recherches portent sur les alternatives éducatives en milieu scolaire, sur l’éducation à la citoyenneté et le sens, les usages et les postures dans l’approche « des éducations à ». En 2020, elle a notamment publié avec Michel Fabre l’ouvrage collectif suivant : L’éducation et les Lumières : Enjeux philosophiques et didactiques contemporains. Raison et passions.

 

Genèse de la citoyenneté européenne

 

Céline Spector (Sorbonne Université) « Une citoyenneté post-nationale est-elle possible et souhaitable ? »

Abstract : L’une des difficultés classiques rencontrées par les théoriciens de la citoyenneté européenne – philosophes, politistes ou juristes – tient à la volonté fréquente de projeter sur elle le schème hérité de l’État-nation. Soit la citoyenneté est conçue comme la réplique du modèle qui a pris son essor depuis l’ère des Révolutions démocratiques, soit elle est considérée comme factice, purement procédurale, dépourvue de contenu substantiel. Contre la logique dépolitisante des droits libéraux, l’idée de citoyenneté active semble indispensable aux souverainistes républicains comme Richard Bellamy ; or celle-ci trouve ses conditions dans un espace public non fragmentaire, unifié par l’histoire et par la culture. Comme l’a pressenti Rousseau, la volonté générale ne peut s’émanciper de la volonté de tous qu’en créant un ethos spécifique : à cette condition seulement, se donner à tous revient à se donner à personne. Autant dire que les souverainistes républicains s’en prennent à ce qu’ils perçoivent comme un mythe néfaste associé au libéralisme politique, celui de l’individu propriétaire porteur de droits, brandis au besoin devant les institutions judiciaires. La citoyenneté européenne, à leurs yeux, n’est qu’une illusion. Cette critique peut-elle être surmontée ? Cette communication tentera de le faire en revenant sur la différence, mise en œuvre dans L’Esprit des lois de Montesquieu, entre différents paradigmes de la citoyenneté.

Céline Spector est professeure de philosophie à Sorbonne Université, membre de l’équipe « Sciences, Normes, Démocratie ». Elle a été professeure invitée à l’université de Chigaco, à l’institut des sciences humaines de Kyoto, à la MSH de Bruxelles entre autres. Ses thèmes de recherche sont la philosophie politique et la philosophie du droit, la question de l’héritage de la philosophie des Lumières et la philosophie de la démocratie dans le cadre de l’Europe. Elle a publié de nombreux ouvrages, dont : Éloges de l’injustice. La philosophie face à la déraison, Paris, Seuil, « L’ordre philosophique », 2016 ; Rousseau et la critique de l’économie politique, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 2017 et No demos? Souveraineté́ et démocratie à l’épreuve de l’Europe, Paris, Seuil, «L’ordre philosophique », 2021. A noter également l’ouvrage collectif suivant : Europe philosophique, Europe politique, L’héritage des Lumières, T. Coignard et C. Spector éds., Classiques Garnier, « Rencontres – le Dix-huitième siècle», 2022.

Philippe Crignon  (Nantes Université):  « Qu’est-ce que la citoyenneté européenne peut conserver du modèle de la citoyenneté stato-nationale ? »

Abstract : La création de la citoyenneté européenne exprime une double prétention, celle d’une analogie revendiquée avec la citoyenneté nationale et celle, au contraire, d’une originalité et d’un pas de côté. Il est pour cette raison indispensable d’examiner les points de convergence – qui justifieraient que l’on parle d’un statut du citoyen européen – et de divergence – selon lesquels la citoyenneté européenne n’est pas la duplication de la citoyenneté traditionnelle à une plus grande échelle. Nous ferons, à cette fin, un retour à la matrice de la citoyenneté moderne, qui n’est pas seulement nationale, mais stato-nationale. La citoyenneté s’est redéfinie en corrélation de l’État moderne, selon trois principes : un statut personnel civil universel, une reconnaissance de soi comme auteur de la loi et la contribution individuelle à la puissance commune. Nous dégagerons d’abord ces principes chez Hobbes avant d’indiquer quels développements ont enrichi la citoyenneté moderne. A la lumière de cette interprétation, l’examen de la citoyenneté européenne révèle un déficit des trois principes : les droits transnationaux, en particulier, ne justifient pas un statut personnel nouveau. Nous expliquerons pourquoi il faut contester l’idée de citoyenneté européenne, telle qu’elle prétend exister aujourd’hui, ainsi que l’idée normative de citoyenneté transnationale. Quelques décisions récentes pourraient en revanche ouvrir la voie, à l’avenir, à quelque chose qui pourrait fonder une authentique citoyenneté européenne.

Philippe Crignon

est maître de conférences en philosophie politique et juridique à Nantes Université et membre du CAPHI (UR 7463). Ses travaux portent principalement sur la philosophie politique moderne et contemporaine, sur les formes politiques (État, fédéralisme, Europe), la justice et la solidarité internationale et sur la démocratie, la représentation et la citoyenneté. Il a publié De l’incarnation à la représentation. L’ontologie politique de Thomas Hobbes (Garnier, 2012), La philosophie de Hobbes (Vrin, 2017) ; il a dirigé L’Europe au risque de ses paradoxes (Incidence, 2014) et, avec Christophe Miqueu, Représentation politique et transformations de la citoyenneté (Garnier, 2017).

Le séminaire:

Le séminaire EduCivium, organisé par Maiwenn Roudaut (Nantes Université / Centre Marc Bloch Berlin et Tristan Coignard (Université Bordeaux Montaigne/IUF) en 2022 et 2023, est une manifestation périodique itinérante, qui prévoit des séances de travail à l’Université Bordeaux Montaigne, à Nantes Université et au Centre Marc Bloch de Berlin. Il bénéficie du soutien des trois institutions et de l’Institut universitaire de France.

L’objectif de ce séminaire est de cerner les facteurs d’évolution dans la conception, la perception et l’expérience même de la citoyenneté en Europe. Il part d’un triple constat :

  • La citoyenneté, dans son acception juridique et politique, ne correspond pas à un concept figé et immuable. Elle est prise dans un processus de redéfinition, à la faveur de la perte d’influence de l’État ou, au contraire, de la réaffirmation de ses prérogatives. Par ailleurs, la citoyenneté nationale doit désormais être articulée avec d’autres liens d’appartenance et de participation à la vie publique : les ancrages locaux ou régionaux, la citoyenneté européenne ou la citoyenneté mondiale.
  • La citoyenneté, définie comme faisceau de droits individuels et collectifs permettant l’intégration à une communauté, apparaît de nos jours comme un champ ouvert aux luttes revendicatives. Des marqueurs de participation active à la vie publique émergent et établissent un lien étroit entre citoyenneté et identité (identité minoritaire, sexuelle, religieuse). La citoyenneté se trouve ainsi impliquée dans un processus de négociation entre acteurs en vue d’une extension des droits.
  • La citoyenneté ne peut pas seulement être appréhendée comme un cadre formel et juridique. Elle est aussi une expérience qui engage les rapports entre l’individuel et le collectif et qui s’apprécie dans un contexte global d’apprentissage (formel et informel).

Face à ces éléments de redéfinition et de mutation, devant la diversité des enjeux en Europe, le séminaire EduCivium propose un cycle d’interventions et de débats qui vise à circonscrire ce qui définit un.e citoyen.ne en Europe et à s’interroger sur les modalités permettant de devenir citoyen.ne.s en cherchant à compléter la perspective normative dominant actuellement les études européennes.

En adoptant une approche diachronique, le séminaire EduCivium s’intéresse donc aux processus d’apprentissage et d’appropriation de la citoyenneté ainsi qu’à la manière dont ces processus s’adaptent aux mutations successives.

Enfin, le séminaire EduCivium, qui s’inscrit dans une démarche interdisciplinaire, entend interroger les acquis des sciences humaines et sociales (philosophie politique et sociale, sciences politiques, histoire, sociologie, études aréales, sciences de l’éducation notamment) sur la problématique de la citoyenneté (nationale et européenne), tout en proposant un examen critique des diverses méthodologies adoptées.